CHAPELIER FOU - 613 [2010 CD - IDA068]
01. G tintinnabulum
02. Les métamorphoses du vide
03. Luggage
04. Hémisphère ouest
05. Half of the time
06. Secret handshake
07. Inside of you
08. Elle est l'eau qui fait le torrent
09. Grahamophone
10. Le quart de ton
11. Les prières à complies
12. Entendre la forêt qui pousse
Présenter "613" est un exercice difficile. On est sûr d'être incomplet, approximatif et à la limite de l'insuffisance verbale. Comme pour tout chef d'œuvre, en parler c'est se mettre en péril et craindre que cela vous explose à la figure comme une grenade. 613, c'est justement le nombre invariable de graines que l'on trouve dans une grenade et ce titre choisi par Louis Warynski (alias chapelier Fou) n'est certainement pas le fruit du hasard !
Outre son titre au nombre entier, ce disque a une autre magnifique incongruité à son actif, il respecte la quadrature du cercle si chère à la musique de qualité.
Folle, mystérieuse, enchanteresse, aussi étrange qu'implacable, voilà ce que l'on pourrait penser tant de cette loi de la nature que de la musique de ce véritable premier album de Chapelier Fou. On y retrouve le génial bidouilleur électronique et virtuose du violon que l'on avait découvert avec ses deux premiers EP ("Darling, darling, darling..." & "Scandale"), soit ! Mais la progression laisse pantois.
Nul doute que ses nombreuses et remarquables prestations sur les scènes françaises (révélation du printemps de Bourges 08, révélation des Eurockéennes 09) aient aguerri cet homme orchestre, qui s'est laissé aller à introduire d'autres instruments tels que la guitare, le violoncelle ou le bouzouki et dont le champs musical semble visiblement ne se borner qu'à son seul désir.
Nous connaissions déjà l'envie pour certain musiciens venant de la musique électronique de se frotter habilement à la musique classique - Amon Tobin ou Murcof pour n'en citer que deux - mais jamais nous n'avions entendu plus bel équilibre entre les genres. Sous des mélodies d'une fraîcheur incroyable, à l'apparente évidence, se cache un album aux profondeurs multiples dont seule l'écoute sur-multipliée (613 ?) révèle l'existence.
On pense évidement, côté classique, pour sa sensibilité, ses mélodies imparables et le violon comme instrument de prédilection, à son grand frère Yann Tiersen ("Luggage", "Le quart de ton") comme à ses pères Gavin Bryars ou Pinguin Cafe Orchestra ("Elle est l'eau qui fait le torrent", "Luggage"), ou son grand père Stokhausen pour les recherches sonores. Nul doute que Louis les a écoutés voire étudiés lors de sa scolarité au conservatoire.
Mais il serait absurde de se limiter à cette simple comparaison ou de se limiter du côté de l'électronique à Boards of Canada ou Brian Eno pour les plages ambiantes, Amon Tobin ou Four Tet pour les rythmiques impeccables, Animal Collective pour la bidouille intuitive et le culot.
Comme tout compositeur d'exception, Louis Warynski a su ingérer ses influences pour en restituer sa version, unique.
A vingt six ans, Chapelier Fou n'est donc pas seulement un équilibriste hors pair sur scène. Il est également un alchimiste capable de trouver une formule inédite à chaque titre avec une intelligence rare et d'enthousiasmer son auditoire, souvent jeune, par sa maitrise et sa générosité évidente.
Pas étonnant que Matt Elliott qui pose sa voix unique sur "Half of the Time" aie convié ce magicien à rejoindre The Third Eye Foundation aux côtés de Yann Tiersen, tant sur scène que pour l'enregistrement d'un nouvel album. Ce qui n'empêchera pas Chapelier Fou de faire exploser son "613" sur de nombreuses scènes de France et d'Europe dans les mois qui viennent
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