VIRUS 77 : Quartier Nord
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VIRUS 77 : Quartier Nord

Virus 77
MN015
Rupture de stock
6,25 €
TTC

FACE A

1. Quartier nord

2. Arc-en-ciel

FACE B

1. Direction néant

2. Symphonie en boudin majeur

Année
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Music
Support

 

Le groupe R.A.S. a marqué la scène de son empreinte entre 1982 et 1984, tant par une discographie skunk de bonne facture, dont le premier album oi ! à la française, que par ses prises de position contre l'influence des nazillons parmi les skinheads et quelques concerts mythiques. Mais avant R.A.S., il y eut un autre groupe.

1980... la première vague punk rock s'est déjà sabordée, en Angleterre comme en France. Mais, dans le même temps, dans la banlieue parisienne et un peu partout dans le pays, des gamins trop jeunes pour avoir formé leur groupe en 1976, reprennent le flambeau de l'excitation électrique. Les nouveaux venus, issus de milieux populaires et des classes moyennes, pullulent, font quelques concerts dans des gymnases, lycées, centres culturels de quartier et autres salles de fortune, avant de disparaître.

Virus 77, formé donc en février 1980, est une de ces formations éphémères, qui laisse quelques titres, des rires et des souvenirs. Ces enfants de petits-bourgeois d'Asnières et de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) vibrent sincèrement au son de quelques accords acérés et mélodies accrocheuses. Gamins passionnés de football, Taki et Philippe taquinent déjà le ballon dans la même équipe, lorsqu'ils sont touchés par la foudre punk. Dans la buanderie du pavillon familial des parents de Taki, ils tâtonnent les premiers accords, sans batterie. Taki est à la basse, Philippe au chant ou plutôt aux braillements et Vincent, un pote de classe, le seul véritable musicien du groupe, à la guitare. Ils convoquent « Pretty Vacant » de Sex Pistols et « London's Burning » de Clash pour étoffer leur maigre répertoire.

Rapidement, Philippe devient le manager du groupe, poste souvent réservé au pote qui ne sait pas jouer d'instrument, Alain le remplace au chant et Jean-Louis prend la batterie. Les premiers morceaux oscillent entre un punk rock très rock et quelques riffs plus durs. Alain, cheveux au vent, biberonné à un rock plus conventionnel et à la chanson française, rentre dans le nouveau moule pour l'éclate avec les copains, et pour les filles, avoue-t-il. Beaucoup de titres de Virus 77 tournent d'ailleurs autour d'histoires de filles (« Isabelle », « Mate la nana », « Aujourd'hui madame ») ou de potes (« Les copains »).

Décembre 1980, certains membres du groupe font un petit voyage à Londres, le temps d'acheter des disques, une chemise bondage à sangles pour Vincent, et de faire quelques graffitis. De retour en France, une engueulade éclate entre Jean-Louis et Vincent pour une histoire de quelques francs et ce dernier quitte le groupe durant quelques mois. Tout rentre finalement dans l'ordre après l'été et Philippe commence à chercher des concerts pour le groupe. Pour le premier, il n'a qu'à sortir de chez lui, faire quelques mètres et demander au curé de l'église Notre-Dame du perpétuel secours l'autorisation d'organiser un concert en octobre 1981... joli paradoxe adolescent pour des fans de l'antéchrist Johnny Rotten. Stars du lycée Renoir d'Asnières, Virus 77 remplit la salle sans mal avec Curse, un autre groupe punk du coin (Gaz, le bassiste, s'occupe rapidement de transporter le matériel du groupe parce qu'il est le seul à avoir une voiture, avant de rejoindre plus tard les rangs de R.A.S. en tant que choriste puis de former le groupe hardcore Kromozom 4 en tant que chanteur quelques années plus tard). Virus 77 ponctue ce premier concert d'une reprise de l'instrumental très rock « Action Man » des Professionals, le groupe de deux anciens Sex Pistols.

Arborant fièrement chemises customisées de slogans punk peinturés et t-shirts craqués, Virus 77 donne une poignée de concerts dans la banlieue parisienne. L'année 1982 est prolifique avec le gymnase des Fossés-Jean à Colombes en février, le lycée Renoir à Asnières en avril, le parc de Choisy-le-Roi en mai (bizarrerie de l'époque, le groupe partage l'affiche avec Tri Yann, groupe mêlant folklore breton et rock progressif, et François Béranger, chanteur à textes) et le dernier à Gennevilliers en mai. Le groupe laisse quelques traces : quelques graffitis autour de la gare de Bois-Colombes, un badge, un article dans le fanzine New Wave (Aline et Patrice du fanzine font même le déplacement au concert du lycée Renoir de Bois-Colombes), un passage sur une radio libre et quatre titres enregistrés en studio (le même où plus tard enregistreront R.A.S., L'Infanterie Sauvage, Les Cafards, Heimat Los, Kromozom 4). La sincérité et l'énergie donnent finalement du charme aux limites évidentes de la voix, compensées par un son de guitare bien gonflé et la qualité des mélodies.

Ce sont ces quatre titres demeurés totalement inédits durant 30 ans que le label Mémoire Neuve édite aujourd'hui. « Quartier Nord », qui offre un bon riff imparable et une mélodie entêtante, affirme une appartenance banlieusarde, entre le bahut et le café. Le punk rock adolescent dans toute sa splendeur : « Ma vie ne fait que commencer mais je crois bien qu'elle est ratée ». Le très rock « Arc-en-ciel » souligne une écriture nettement plus poétique que la moyenne des groupes punk de l'époque. « Direction néant » évoque le thème classique de l'ennui, le néant devenant une porte de sortie, qu'il incarne le voyage ou le suicide. R.A.S. reprendra l'expression du titre pour la conclusion de son morceau « Le gosse et le para » et le refrain pour un autre morceau, « Jeunesse de la honte ». Enfin, « Symphonie en boudin majeur », réquisitoire humoristique contre la légion sur une association classique de la rythmique basse batterie sur des accords de guitare plaqués.

Peu à peu, chacun affine ses goûts musicaux. Pendant que Vincent ambitionne une évolution plus technique et mélodique, Taki ne s'est pas remis de la découverte des groupes plus prolos qui sévissent désormais en Angleterre, de Sham 69 à Cockney Rejects. Virus 77 reprend d'ailleurs sur scène le fameux « Bad man » de ces derniers. Quelques petites maladresses et jalousies, et un peu de lassitude fait le reste... la rupture est consommée en mai 1982. Les projets de concert au fameux Golf Drouot à Paris et d'un passage télé tombent en ruines. Taki et Jean-Louis adoptent déjà un look plus oi ! À la fin du groupe et forment R.A.S. en septembre avec Thierry rebaptisé Trevor, un autre pote du foot, déjà sacré photographe officiel de Virus 77, et Nicolas, un skinhead fraîchement rencontré à la fac. Philippe les suit et poursuit le management. Mais ça, c'est une autre histoire. Pour l'heure, Alain et Vincent restent sur le carreau. Ce qui n'empêchera pas Vincent de faire tous les dessins inclus dans la pochette intérieure du 45 tours de R.A.S.. Mais finalement, l'essence du punk rock c'est bien de vivre l'instant intensément et non pas de faire des plans de carrière.

Aujourd'hui, ces braves garçons sont représentants, comédiens, instituteurs ou journalistes, mais il leur reste dans un coin de la tête et du cœur une petite place pour leur premier coup d'éclat de jeunesse... Virus 77.

Philippe Roizès, issu de la section Colombes du punk rock

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